Vendredi 21 Décembre : Douala - Port Harcourt - Lagos
tarmac Salut, Jules, tu es en forme ?
Pas de problème Patron...
Bon, on va quitter Douala pour suivre la côte vers Port Harcourt et arriver sur Lagos qui sera notre étape de fin d'année... Jules, va falloir faire attention car on va frôler le Mont Cameroun qui je te le rappelle culmine à près de 4100 m d'altitude...
en piste

C'est pas un problème Patron, il suffit que l'on monte au moins à 15000 ft pour passer cet obstacle.
Oui Jules, il suffit, mais attention, il n'est pas loin de Douala et il y a pas mal d'avions se sont écrasé bêtement dessus...
Ah oui ?

Oui, il faut savoir qu'avec ses 508 morts, le Cameroun figure en bonne place, au 8e rang des espaces aériens les plus meurtriers d’Afrique, continent le moins sûr dans le transport aérien mondial. Il arrive juste derrière des pays comme le Nigeria (1414 morts), la République du Congo (1105), l’Angola (1025), l’Egypte (996), le Maroc (857), le Soudan (671) et la Libye (633). Et encore, le ciel camerounais devient même plus dangereux que celui de tous ces pays, lorsqu’on prend en compte la moyenne de personnes tuées par accident d’avion : 15.3 au Cameroun, contre 15.2 au Nigeria, 12.1 en Libye, 11.4 en Egypte et au Maroc, 10.7 en Angola, 7.9 en République du Congo et 6.1 au Soudan.
L’accident d’avion du Boeing 737-800 de la compagnie Kenya Airways qui s’est écrasé le 5 Mai 2007 à Mbanga Pongo, moins de 5 minutes après son décollage de l’aéroport international de Douala constitue le 33e accident d’avion enregistré au Cameroun depuis 75 ans. La période actuelle peut être considérée comme la plus noire et la plus triste de l’histoire du transport aérien au Cameroun. En l’espace de 13 mois, trois accidents d’avions sont survenus, avec à la clé, la disparition des 122 personnes qui se trouvaient à bord de ces aéronefs. Il y a d’abord eu l’avion de ravitaillement libyen qui s’est écrasé le 22 avril 2006 à Kousseri, avec ses 6 occupants. Puis, le 24 février 2007, l’avion sud-africain annoncé comme disparu, dont l’épave a été récemment retrouvée sur le Mont Cameroun à Buéa. Et puis…et puis, le crash de la Kenya Airways, l’accident le plus meurtrier jamais survenu au Cameroun : 114 morts !

Dans le cas du Boeing de Kenya Airways, on est allé pendant 48 heures, chercher à des centaines de kilomètres un avion qui s’est écrasé à vol d’oiseau de l’aéroport d’où il venait de décoller. Pis encore, il a fallu trois bons mois, pour retrouver l’épave de l’avion sud-africain. Dans les deux cas, on doit les découvertes à de modestes chasseurs qui ont supplée à l’impuissance et au dénuement des aiguilleurs du ciel. 

Le ciel camerounais, semble-t-il est surveillé à partir de pays voisins. La partie sud dépend  du radar de Brazzaville au Congo et le nord, du radar de Ndjamena au Tchad. Que cela coûterait-il au Cameroun de se doter d’un radar, au minimum ?
Décollage Bon, on survole Douala et on voit bien le pont franchissant le fleuve Wouri. On va mettre maintenant le cap au Nord.
Tiens tu vois, juste après le décollage, on voit Juliet papa Lima qui est c'est le cas de la dire, nez à nez avec le Mont Cameroun...
Bon, tu as compris Jules, tu maintiens un taux de montée maximum pour éviter cette bosse...
Ce soir, on a de la chance, le mont est encore découvert... On va pouvoir le voir arriver tranquillement sous nos ailes... mais imagine en cas de mauvais temps, il faut vraiment regarder l'altimètre attentivement.
Aller, on grimpe... J'ai dit à Nathalie de distribuer du chewing gum aux passagers pour leur éviter d'avoir mal aux oreilles...
Tiens à droite, on peut également voir l'île Bioko (anciennement appelée San Fernando) avec ses trois volcans, Santa Isabel, San Carlos et San Joaquim... Celui que l'on voit au premier plan est San Isabel qui culmine à 3007 mètres d'altitude.
Ben dîtes donc Patron, il y en a des volcans dans le coin...
Oui, il y en a... et au total, trois sont encore en activité, sur l'île, San Isabel et sur le continent, le Mont Cameroun et le petit Cameroun qui est un massif proche du Mont Cameroun.
Tiens tu peux voir le cratère du Mont Cameroun à tes deux heures... C'est vraiment exceptionnel de pouvoir le survoler par temps dégagé. on a de la chance...
Moi je dirais que l'on a de la chance qu'il ne crache rien en ce moment...
Oui mais je pense que le contrôle aérien ne nous aurait pas fait passer là s'il était en éruption...

Faut espérer...
Au tour de Golf deux Fois de passer le Mont...
Bon, plus de soucis maintenant, on longe le bord de mer...
Et on va où Patron ce soir ?
On va aller au Nigéria...
Dîtes Patron, on se traîne... Il va falloir que l'on regarde un peu mieux les données techniques... On est à peine à 180 kts en montée et on n'a pas encore atteint les 30000 ft.
Oui tu as raison Jules, c'est pas normal qu'il peine comme cela en montée. Pourtant on a bien mis 300 kts au compteur... On va revoir la documentation pour notre prochaine étape.
Tiens voilà le delta du Niger... C'est le troisième fleuve du continent par sa longueur  4184 km, après le Nil et le Congo.

A la verticale de l'aéroport de Port Harcourt International. Port Harcourt est la capitale et principale ville de l'état de Rivers au sud du Nigeria. Située sur le delta du Niger elle est nommée d'après Lewis Vernon Harcourt, secrétaire d'état aux colonies de 1910 à 1915.

Mais au fait, Patron, on ne devait pas faire escale à Port Harcourt ?
Si Jules, on devait mais le couvre-feu instauré le 17 août par les autorités de l’Etat de Rivers sur la ville de Port Harcourt, a été prolongé pour une durée indéterminée en raison de la multiplication des enlèvements et d’attaques contre les sites les plus divers...

Nigeria

D'ailleurs, il est formellement déconseillé de voyager dans les états de Bayelsa, Rivers, Delta et Akwa Ibom (cf. Etats en rouge sur la carte). Donc, Jules, pas question d'atterrir dans cette ville.

 

GDF
Golf deux Fois vient de commencer sa descente vers le niveau 100.
Les installations de Lagos en vue...
Dîtes patron, là aussi il y a un couvre-feu ?
Non, Jules, à Lagos, la situation est plus calme mais attention la délinquance (vols, agressions physiques) y est endémique et peut aller, dans certains cas, jusqu’à la prise d’otage.
L’insécurité se manifeste par des attaques diurnes et nocturnes, sur les routes et dans les villes, y compris aux domiciles, par des groupes armés à la recherche d’argent, d’objets de valeur ou de véhicules.
A ces facteurs de risques s’ajoute depuis plusieurs années une résurgence de conflits communautaires, de nature ethico-religieuse ou politique, d’intensité variable, mais pouvant se produire en n’importe quelle partie du territoire.
En tout état de cause, il est impératif lors d’un voyage dans l’ensemble du pays d’être accueilli à destination par des personnes connues et identifiées et d’être raccompagné au départ en fin de séjour. Pour la région du Delta, des mesures de sûreté du type quasiment militaire sont prises par les entreprises pétrolières, principal employeur de la région.

Les pratiques de corruption et d’escroquerie sont autant répandues que la criminalité ordinaire et constituent des facteurs d’incidents graves.
Les problèmes de transports et de télécommunications sont récurrents dans le pays (réseau routier dégradé excepté sur les grands axes, manque de fiabilité de certaines lignes aériennes, lignes téléphoniques intérieures insuffisantes et souvent inopérantes) et retardent l’intervention de l’ambassade au cas où l’un de nos ressortissants se trouverait en danger.
Ben dîtes donc c'est gai ce pays... Pourquoi vous nous avez fait venir ici Patron ?
Pour faire le plein Jules, c'est un pays pétrolier et on ne va pas se priver... De toutes manières, on ne reste pas longtemps ici...
Malgré tout Jules, respecte quelques consignes... Normalement, il n’y a pas, ou fort peu, d’animosité ou de ressentiment au Nigeria à l’encontre des communautés expatriées. Les agressions visent donc avant toute chose tes biens matériels. A cet égard, il convient bien sûr d’éviter tout signe ostentatoire de richesse dans tes déplacements (bijoux, porte-feuille apparent...etc). Si, en dépit de ces précautions, tu étais victime d’une agression, il convient d’éviter absolument toute velléité de résistance. Il convient au contraire d’assurer tes agresseurs de ta disponibilité à coopérer et à leur remettre l’argent dont tu disposes. Si tu es en voiture, remets leur les clés du véhicule et ton téléphone portable s’ils l’exigent. Demande ensuite l’assistance de la police locale ou des passants : demande à être conduit au consulat de France
En bref, si on nous attaque, on se met à poils et on donne tout ce que l'on a...
Tu as tout compris Jules...
Sympa votre escale Patron...
T'en fais pas, on va être logé au Radisson SAS de Lagos et c'est un hôtel splendide... On ne bougera pas de là jusqu'à notre départ et tu pourras profiter de la piscine...

Et on ne vas pas aller visiter la ville ?
A priori non, Jules, tiens, lis un peu les dernières consignes du Ministère des Affaires Etrangères :

Les voyages en voiture isolée sont déconseillés dans l’ensemble du pays, de nombreuses attaques de véhicules ayant eu lieu de nuit comme de jour dans tout le territoire. Les voyages après la tombée de la nuit sont à proscrire absolument.


En cas de voyage routier, il est conseillé d’obtenir une protection policière (MOPOL) et de ne se déplacer qu’à plusieurs véhicules en ayant pris soin de déposer son itinéraire ainsi que ses horaires, notamment auprès du consulat général de France à Lagos ou, pour le nord du pays à la section consulaire de l’ambassade de France à Abuja et/ou auprès du consulat honoraire de Kano.
Les axes routiers menant à la capitale fédérale ne doivent pas être empruntés de nuit ; la route menant à l’aéroport reste la plus exposée.
La liaison routière entre Owerri et Port Harcourt reste extrêmement dangereuse en raison de son tracé, des chauffards que l’on y croise et des embuscades possibles y compris contre des convois disposant d’une escorte armée.
Sur la route, les véhicules peuvent être stoppés par différents subterfuges (personne prétendument accidentée, femme "enceinte" en difficulté ou clous jetés sur la chaussée). Les embouteillages, en ville, constituent pour les véhicules bloqués des dangers potentiels.
Bon, c'est clair patron, on attend tout le monde et on va à l'hôtel avec une escorte de policiers...
C'est cela même Jules, c'est cela...
Ben j'ai hâte de repartir d'ici...